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Mémoire de Poilus
Plus de vingt ans à transmettre l’Histoire de la Première Guerre mondiale, avec pédagogie et sens du devoir de mémoire, c’est notre ADN.
Marius Estratat, héros caumontois. La place située devant la crèche Lou Nis porte son nom en son honneur, elle a été inaugurée le lundi 11 novembre 2024.
Les petits artistes de la Mémoire
La classe de CM2 (2023-2024) de Julie Dauphin de l’école Fernand Perrin a remporté le premier prix du concours national de l’ONaCVG avec leur carnet autobiographique sur la vie de Marius Estratat. Ils seront récompensés le 6 novembre à Paris. Quelle fierté ! Toutes nos félicitations à nos jeunes caumontois, pour leur magnifique travail ! Un grand bravo et merci également à leur maîtresse pour son investissement et à l’association Mémoire de Poilus pour leur aide précieuse.
C'était un beau jour, le plus beau jour de ma vie : le 11 novembre 1918 ! Enfin la paix.
Natif de Caumont-sur-Durance, il y est né le 27 septembre 1897 et était le dernier Poilu de la Région Sud. Il est le fils de Jean Jacques Estratat et Marie Marthe née Gilbaud. De la classe 1917, c’est au sein du 27ème Bataillon de Chasseurs à Pieds (B.C.P) qu’il commence sa guerre dès le 9 janvier 1916. Démobilisé officiellement le 24 septembre 1919, son registre matricule nous apprend qu’il est rappelé à l’activité militaire en 1939… une autre guerre, une autre page de son histoire et de celle de sa famille.
Fanny Desbarats-Orlando et Stéphane Orlando de l’association Mémoire de Poilus ont eu le privilège d’interviewer Marius Estratat en 2001, un témion vivant. C’est ainsi que leur passion pour l’histoire de ces hommes devenus soldats et pour la transmission a pris un tournant décisif. Une rencontre marquante qui a motivé leur désir de recherches historiques, de restauration de matériels, de reconstitution et une volonté de partager ce patrimoine avec le public et notamment les plus jeunes. C’est pourquoi Stéphane nous confie : « Marius me racontait sa guerre tout en tournant certains événements avec légèreté, peut-être pour se protéger. Il habitait dans la même rue que mes grands-parents, à quelques mètres. Mon père m’avait dit que Marius lui avait fait découvrir la mer. En effet mes grands-parents n’avaient pas de permis de conduire donc pas de moyen de transport ».
Marius leur a livré au cours de cette rencontre un bon nombre d’anecdotes très marquantes qui illustrent bien l’horreur de la Première Guerre mondiale. Fanny et Stéphane acceptent de nous en révéler quelques-unes : « Il nous avait parlé de son ami d’enfance, Henri Gros, qui a été tué lors d’une attaque. Marius a dû identifier le corps à la demande de son officier. Il avait 19 ans et ils étaient dans le même régiment ». Il y a eu la prise d’une tranchée allemande avec le terrain bouleversé par l’artillerie. Marius a raconté qu’il pendait sa musette à une botte qui sortait de terre, et il a dit en riant : « il devait y avoir le pied à l’intérieur ! ». Il se remémore un autre souvenir celui d’une grenade explosant dans sa tranchée au milieu de ses jambes, il a des éclats des pieds jusqu’aux genoux. Il relève d’ailleurs le bas de ses pantalons montrant à Fanny et Stéphane, ses jambes pleines de cicatrices et légèrement déformées. Par la suite, il a chanté la trop célèbre « Chanson de Craonne », Fanny et Stéphane ne peuvent désormais plus l’entendre de la même façon. « Impossible de ne pas être saisi par l’émotion… », dit Stéphane.
De cet échange, ils conservent surtout les séquelles d’un homme qui a connu les plus grandes souffrances : « Il ne racontera plus rien ensuite, et on comprend bien
pourquoi. Le traumatisme de la guerre, chaque famille de notre commune l’a connu, malheureusement. C’est pourquoi nous tenions à partager un peu de son parcours, comme pour mieux honorer tous les Caumontois, tombés au champ d’honneur et les survivants de cette guerre. », affirme Stéphane.